Par A.P. Crawford (ap.crawford@skipatrol.ca)

En juillet 2023, Jacques Blais faisait l’une de ses fréquentes promenades à vélo le long du fleuve Saint-Laurent, à Longueuil, au Québec, lorsqu’il a été témoin d’un incident entraînant des blessures graves. Il constatait alors que deux cyclistes étaient tombés de leur vélo et que des passants tentaient de leur venir en aide. Le premier patient gisait dans une mare de sang et un passant tentait d’arrêter l’hémorragie; l’autre avait une cheville cassée et un autre passant l’aidait. Les patients étaient des conjoints qui en étaient à leur première sortie avec leurs vélos électriques. Il était 16 h 10.

Tandis qu’il roulait à grande vitesse, le premier patient avait malencontreusement coincé le guidon de son vélo dans les montants d’une clôture sur le côté de la piste, ce qui avait provoqué l’arrêt soudain du vélo. Il a ainsi basculé par-dessus le guidon, se heurtant l’aine à la poignée de frein gauche et se déchirant la chair jusqu’à l’artère inguinale, ce qui a provoqué une hémorragie importante. Le second patient a tenté de l’éviter ce qui a provoqué sa chute et lui a causé une fracture à la cheville.

Jacques a immédiatement procédé au triage de la scène et a évalué que le second patient recevait suffisamment d’attention de la part des badauds. Il a demandé à d’autres badauds de contrôler la circulation et de protéger la scène.

Il a estimé que le premier patient, Pierre, avait perdu entre 500 et 750 ml de sang d’après ce qui était visible sur le sol et que ses vêtements en contenaient probablement davantage. Pierre était alerte et conscient. Le premier intervenant avait tenté de faire un pansement compressif à l’aide d’un t-shirt en matière synthétique, qui continuait à laisser couler le sang. Jacques a immédiatement examiné la plaie et noté que l’artère saignait encore abondamment. Il a donc placé sa main gantée (il transporte toujours des gants dans sa sacoche de selle) directement sur la plaie par-dessus le cuissard du patient pour exercer une pression ferme et a demandé au spectateur qui l’assistait de se déplacer jusqu’à la tête pour l’immobiliser dans l’axe. Pierre a répondu correctement mais lentement aux questions de Jacques et a accepté de ne pas bouger.

Jacques a demandé à un autre badaud d’appeler les SMU et lui a donné les informations nécessaires. Il a même parlé directement avec le centre d’appel des SMU pour donner les détails les plus importants, tout en maintenant une pression directe sur la plaie.

Environ 15 minutes plus tard, un médecin de passage à vélo est arrivé sur les lieux; on lui a fourni un autre jeu de gants, toujours à partir de la sacoche de selle à Jacques. Le médecin a immédiatement pris le pouls à la cheville du côté non blessé (bon pouls détecté), puis a évalué le pouls du côté blessé, où aucun pouls n’a été détecté. Cela signifiait que la pression directe fonctionnait. Jacques et le médecin se sont relayés pour appliquer la pression directe et le médecin a également pu évalué le deuxième patient.

Au bout de 45 minutes après l’appel lancé au SMU, une équipe de pompiers est arrivée en renfort. L’un d’entre eux s’est positionné à la tête du patient, soulageant le passant mais demandant à Jacques de rester en place puisque sa pression était efficace. Le médecin a alors procédé à l’ouverture du cuissard avec des ciseaux, tandis que Jacques maintenait la pression. La plaie était une profonde avulsion en forme de trois quarts de cercle. Bien qu’ils aient essayé d’ajouter des pansements et des bandages, ils ont constaté que le seul moyen efficace de contrôler l’hémorragie était de maintenir la pression directe, ce qu’ils ont fait jusqu’à l’arrivée des ambulanciers. Cinquante-cinq minutes s’étaient écoulées depuis l’appel des SMU.

La piste cyclable se trouvait 10 pieds plus bas que l’autoroute qui la longe. Les pompiers et les ambulanciers sont arrivés par la route et ont utilisé des échelles pour atteindre le lieu de l’accident. L’ambulancier responsable a immédiatement remplacé Jacques au niveau de la blessure et, une fois son évaluation terminée, a demandé une nacelle de pompier et un matelas stabilisateur. Le médecin est alors intervenu et a exigé que des mesures soient prises pour rétablir le niveau de liquide du patient avant de le déplacer, compte tenu de la quantité de sang perdue.

En collaboration avec les pompiers, Jacques s’est chargé de préparer le matelas stabilisateur et, une fois stabilisé, Pierre a été placé dans la nacelle tandis que l’ambulancier continuait d’appliquer une pression directe sur la plaie. À l’aide de deux échelles, la nacelle a été hissée sur une au niveau de la route et l’ambulancier a grimpé sur l’autre pour continuer à appliquer une pression directe sur la plaie. Le temps que tout cela soit terminé, il était 17 h 55.

Le médecin a souligné que sans les efforts de Jacques, Pierre aurait perdu trop de sang pour survivre. Les passants ont également remercié Jacques pour son professionnalisme et sa gestion efficace de la scène.

D’après ses propres dires, ce n’est que lorsque Jacques est remonté sur son vélo et qu’il a parcouru quelques kilomètres qu’il s’est rendu compte qu’il venait de sauver une vie. Il était déjà trop tard pour recueillir les noms des autres passants qui avaient participé à l’affaire avec lui.

Pour tout le travail qu’il a accompli en utilisant les compétences acquises lors de sa formation en secourisme avancé, la PCS a eu l’honneur de remettre à Jacques Blais le Prix de sauvetage John D. Harper.

Présentation du Prix du sauvetage John D. Harper à Jacques Blais (en rouge) par Simon Henderson, président de PCS Lanaudière

(Photo courtoisie de Jessie Gravel)

Prix du sauvetage – Jacques Blais (PCS Lanaudière)