Par Pierre Prince, patrouilleur de la zone de Québec (pierreprince300@gmail.com)

Pendant trois ans, la Zone de Québec a offert des services de secourisme lors des activités estivales au Patro Roc Amadour. Cet organisme communautaire est situé dans le quartier moins favorisé de Limoilou à la ville de Québec. Sa clientèle très diversifiée comprend des enfants à partir de 4 ans, des adolescents, des jeunes avec des problèmes de comportement ou présentant une déficience intellectuelle (autisme, syndrome de Down, maltraitance…). Certains, récemment immigrés, sont en instance de reconnaissance d’un nouveau statut.

Les interventions variaient beaucoup : traumas légers (étirements musculaires, coupures, piqures d’insectes, coups légers à la tête…) et de cas médicaux (nausées, allergies, maux de tête…). Même si les traumas graves survenaient rarement, Karine Bourgoin et Catherine Dussault ont tout de même sauvé la vie d’un enfant qui a subi un choc anaphylactique très important. Grâce à leur intervention rapide, elles lui ont sauvé la vie. D’ailleurs, elles ont reçu le Prix de sauvetage John D. Harper pour leur action.
Avec les enfants, l’approche psychologique demeurait très importante. Régulièrement, notre tâche consistait à départager un problème de santé d’un sentiment de mal-être. Il pouvait s’agir d’un enfant qui se plaignait de maux de tête ou de douleur au ventre parce qu’il n’était pas heureux à la maison ou au Patro. Nous recourrions à différentes stratégies (questions, jeux, blagues, collaboration du moniteur, etc.) pour établir un contact et identifier la source du problème. Pour les cas de comportement plus complexes, l’Escouade formée d’intervenants spécialisés prenait la relève.

Nous devions aussi communiquer avec des parents qui comprenaient peu le français ou l’anglais. Il m’est même arrivé d’épuiser mes notions d’espagnol. Parfois, après plusieurs démarches ou questions, nous apprenions à notre grand étonnement que l’enfant était récemment arrivé au Canada et n’avait connu que la vie des camps de réfugiés. Son instinct de survie utile dans ces situations poussait l’enfant à recourir à des moyens inappropriés pour se défendre ou pour réagir à des frustrations.

À titre d’exemple, un jour, l’Escouade surchargée nous appelle pour les aider auprès d’une petite fille de cinq ans qui avait été retirée de son groupe parce qu’elle se comportait de façon agressive avec les autres enfants. Après avoir demandé quelques conseils, je suis intervenu à deux reprises auprès d’elle. Au début, elle refusait de parler et s’isolait dans son coin. Mais avec de la patience et en dessinant avec elle, j’ai réussi à établir un contact. L’Escouade prenait ensuite la relève pour lui apprendre à évaluer son niveau de colère et à mieux la gérer. Deux semaines plus tard, je la croise par hasard sur le terrain de jeux. Elle me reconnaît et me salue avec un grand sourire. C’était la paye de ma journée.

Cette expérience s’est avérée enrichissante et m’a permis de développer une expertise différente des blessures traumatiques. L’année dernière, cette implication de la Zone de Québec n’a pas été renouvelée faute de patrouilleurs disponibles. Toutefois, cet exemple d’implication sociale suggère une autre façon d’appliquer nos connaissances et notre expertise dans un domaine différent de nos activités hivernales habituelles.

Karine Bourgoin, initiatrice du projet et moi, Pierre Prince
Autre implication de la zone de Québec